Le poids des mots

Il y a un an, Humanitalents préparait le questionnaire d’enquête sur les perceptions des humanitaires quant aux questions des abus sexuels et de l’exploitation sexuelle (PSEA) dans le secteur . Nous avons choisi de reprendre les termes les plus fréquemment utilisés au sein des ONG francophones : SEA, PSEA, victime… Le vocabulaire dédié à cette thématique évolue pourtant depuis 10 ans.

Premièrement, l’appellation PSEA n’est pas connue et comprise de tous. Lorsque l’on sonde les employés d’organisations humanitaires on peut se rendre compte que ce n’est pas clair pour tout le monde. Il y a différentes leçons à retenir de ce fait mais l’une d’entre elle peut être qu’il est préférable de choisir des termes plus explicites. Certaines organisations ont plus récemment ajouté un «H» à PSEA pour intégrer le harcèlement sexuel. Il est en effet important de signaler clairement que le harcèlement sexuel est interdit mais l’acronyme PSEAH n’est pas évident non plus pour les personnes non sensibilisées. Si on souhaite mentionner les différents types de violences basées sur le genre, l’acronyme devient trop lourd. Or, il apparaît nécessaire d’ajouter les agissements sexistes qui sont les violences sexuelles les moins graves mais les plus courantes. Par ailleurs, ce sont ces agissements sexistes, souvent banals, qui créent un contexte favorable à d’autres types de violences.

En 2019, Coordination Sud a décidé d’adopter l’expression «violences sexistes et sexuelles» afin de signifier clairement que le sexisme est une violence et qu’il fait partie des comportements à prévenir et sanctionner. Humanitalents a décidé d’adopter cette même appellation pour ses documents internes ainsi que ses projets. En ce qui concerne le mot «victime», les anglo-saxons lui préfèrent le mot «survivant.e» qui reflète plus de résilience et donne une image moins passive. Humanitalents souhaite employer le terme de «survivant.e» mais étant donné que les organisations françaises n’emploient pas ce terme pour la plupart, nous avons choisi d’utiliser «victime/survivant.e» pour l’instant.

Dans le domaine de la prévention des violences sexuelles, le choix des mots n’est pas anodin, il est même central car la première étape est de qualifier précisément les faits. Et vous, quels termes employez-vous?

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3 réponses

  1. Merci pour ce questionnement.
    Je pense que les violences sexistes sont à dissocier des violences sexuelles, il ne s’agit a mon sens pas de la même chose. Et oui oui oui les mots, porteurs de vibrations, ont du pouvoir alors merci encore de partager ce questionnement.
    D’ailleurs, si cela est possible, j’aimerais pouvoir contribuer d’une manière ou d’une autre à tes actions Estelle, dans ce domaine… Si tu sens qu’il y a un espace pour, n’hésites pas à revenir vers moi 😉. Je t’embrasse.

    1. Merci Valérie pour ton commentaire. Bien sûr les violences sexistes et les violences sexuelles ce n’est pas la même chose mais il est important de parler de violences et non pas se cacher derrière des termes plus vagues comme « abus » ou « comportements abusifs ». Je te contacte pour discuter !

  2. On voit bien à travers tous ces questionnements comment il est difficile aujourd’hui encore pour les organisations de solidarité interntionale de « nommer » ce qui se cache derrière ce type d’agissements. Le choix des mots vient inscrire une trace, indélebile, qu’il s’agit d’assumer et de porter auprès de ses employés, ses salariés, ses bénéficiaires.Parler de violence vient à mon sens créer un espace, une ouverture, dans lequel chaque organisation pourra lui donner le sens qu’elle souhaite., qu’elle soit verbale, physique, psychique
    Merci Estelle en tous les cas de souligner par cet article l’importance de ce sujet si difficile à appréhender

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