En cette journée internationale des droits des femmes, il nous tient à cœur de parler de la question du genre. Il y a un peu plus d’un an, des scandales sexuels au sein d’ONG ont été mis à jour, interrogeant sur les violences sexuelles, la PSEA[1] dans le secteur et plus généralement posant la question de l’environnement dans lequel les humanitaires travaillent.
Le harcèlement sexuel, les abus sexuels et l’exploitation sexuelle sont favorisés par les inégalités entre les femmes et les hommes dans notre société et à fortiori sur notre lieu de travail. Le sexisme ambiant permet ces comportements et il serait illusoire de penser que le secteur humanitaire est épargné. Pour en venir à bout, il est nécessaire de prendre en considération la question du genre de manière transversale, à tous les niveaux.
Car cette question du genre est bien souvent abordée uniquement par le prisme de la rémunération ou de l’accès à l’emploi mais c’est tout l’environnement de travail qui doit être évalué. On associe parfois un certain niveau de responsabilités à de la disponibilité et donc des heures supplémentaires or, même si cela évolue, c’est souvent la mère qui s’occupe des enfants en fin de journée au sein du foyer. Un rythme de travail important, les longues heures peuvent décourager les candidatures de femmes. Les conditions favorables à la parité dans une organisation ne sont pas toutes tangibles, les comportements sexistes, pourtant fréquents, peuvent passer inaperçus et rester impunis car considérés comme habituels. On ne prend pas le temps d’étudier ces faits, d’additionner leurs occurrences, de questionner les comportements des employés.
En effet, un certain nombre d’actes sexistes sont tolérés car considérés comme étant de l’humour. Les commentaires sur la tenue vestimentaire de collègues femmes, les plaisanteries sur un comportement considéré comme typiquement féminin du type « elle doit avoir ses règles », « les femmes se crêpent souvent le chignon entre elles » ne doivent pas être tolérés. Une étude[2] de la Western Carolina University démontre que les blagues sexistes renforcent les comportements et croyances sexistes. Au-delà du fait qu’elles sont offensantes et qu’elles n’ont pas leur place sur le lieu de travail, elles banalisent et encouragent les personnes qui considèrent que les femmes et les hommes ne sont pas égaux.
On a souvent l’impression de donner la même chance aux femmes et aux hommes au moment du recrutement mais tout le monde a des préjugés liés au genre. Les femmes comme les hommes ont été élevés dans une culture patriarcale et il n’est pas évident d’identifier ces préjugés et de les remettre en question. On se demande si une femme aura la carrure pour ce poste, la résilience dans des conditions difficiles, la poigne qu’on considère nécessaire, tant de caractéristiques qu’on considère plus masculines. Au contraire, pour certains postes on va rechercher de la flexibilité, de l’écoute, de la sensibilité, des caractéristiques qu’on considère comme féminines. Ce sont des préjugés sexistes. Leur conséquence est la quasi-absence des femmes sur certains postes, la gestion de la sécurité en est un exemple. Un déséquilibre qui n’a pas lieu d’être.
Humanitalents veille à ce que la question du genre soit
prise en compte dans chacun des ses projets RH. C’est une composante qui doit
être intégrée dans toute procédure, outil et pratique RH. Une fois ce cadre
établi, il est nécessaire de garantir son application et sanctionner les
écarts. L’environnement ne sera véritablement paritaire que lorsque les femmes
seront écoutées, respectées et que des mesures seront prises à l’encontre des
personnes qui manifestent du sexisme ou de la violence envers elles. Etablir
les règles est une première étape mais elles ne seront utiles que si elles sont
connues de tous et appliquées rigoureusement.
[1] Prevention of Sexual Exploitation and Abuse, prévention de l’exploitation et des abus sexuels en français.
[2] https://www.sciencedaily.com/releases/2007/11/071106083038.htm
Une réponse
Bien vu Je suis d’accord